vendredi 17 juin 2011

Lafayette

Lorsque je monte au sixième étage des Galeries j'aime observer les petite vieilles molletonnées dans leur monde d'habitudes, de banquettes moelleuses, de thé et de biscuits au beurre, de bribes de phrases prononcées en regardant droit devant, comme si elles ne se parlaient pas, comme si elles ne faisaient que combler le silence. Elles posent leurs yeux sur les toits de Paris en écoutant la cacophonie des assiettes qui s'entrechoquent et le brouhaha des touristes, et gardent farouchement du regard leur place fétiche dans ce petit univers codifié et alangui.

Je me demande ce qui les amenées à échouer là, toutes ces petites vieilles à perles qui agissent en gardiennes. Je me demande si quand on est vieux regarder le monde courir suffit à se sentir vivant. Je n'arrive pas à savoir si un jour je serai l'une de ces mamies rabougries et attendrissantes, qui peuplent sans faire de bruit les recoins des grands magasins parisiens, comme si elles guettaient le souvenir d'une époque de dorures et de fastes qui n'a même probablement jamais existé que dans leur imagination.