jeudi 24 novembre 2011

Words

"Que quelqu'un m'apprenne à danser le tango.

Que quelqu'un m'enseigne le violoncelle.

Que quelqu'un me dise comment écrire.

Alors seulement je pourrai dire les arabesques, les petites jointures, tout ce qui existe entre les mots. Dessiner d'un pas la douleur en sourdine, apprivoiser le bruit de l'indicible, et coucher sur la feuille les vrais murmures du langage. Alors seulement j'arrêterai de tituber à la surface des choses, avec l'impression que rien de ce que je voudrais dire n'arrive à transparaître." [jeudi 8 novembre 2007]


J'errais dans les limbes de Skyblog et j'ai retrouvé ce petit texte. Je crois que de tous ceux que j'ai écrits, c'est celui-ci qui me plaît le plus. Et malgré ma prétendue inaptitude à dire l'indicible, je trouve que je m'en sortais plutôt bien.

Je ne sais pas si avec mon adolescence s'est enfuie la mélodie innée des mots que je me plaisais à broder alors. Ces temps-ci j'ai du mal à être autre chose que réaliste, descriptive, scolaire. Je crois que j'ai perdu ma poésie. L'avez-vous vue passer?

mardi 22 novembre 2011

Recette: Gâteau à la poêle! :O

Oui oui, ça fait bien trois mois que je n'ai rien écrit sur ce blog, non non je ne l'ai pas abandonné... C'est juste qu'entre ma flemme légendaire et mes aventures chinoises je n'ai pas trouvé le temps et la détermination nécessaires pour continuer mes divagations étoilées. Mais aujourd'hui je reviens avec une recette, histoire de recommencer en douceur :)

C'est du gros bricolage car faute de four et d'ingrédients appropriés, j'ai du improviser. Voilà donc un gâteau à la poêle, inspiré de la recette de Nanou, un blog récemment découvert qui ferait baver d'envie même les moins gourmands. Ma version a été réalisée au gros pif, sans verre mesureur ni balance, mais le résultat était plutôt réussi. Et à la poêle c'est tellement facile! L'essayer c'est l'adopter ;) Sans plus attendre, voilà la recette, et puis promis, dans le prochain article il y aura des livres, du rêve et des flonflons.



Gâteau orange-noix cuit à la poêle

125g de farine
50 g de noix réduites en poudre + 1 ou 2 entières pour décorer
1 c. à soupe de levure
100g de sucre roux + 1 à 2 CàS en rab'
3 oeufs
50 g de beurre fondu + un peu pour la poêle
100 ml de lait
2 oranges
1 càS de cannelle

déco: 2 carrés de chocolat noir à l'orange
2 càS de marmelade d'orange

Eplucher les oranges au couteau en prenant bien soin de ne pas laisser de peau blanche (c'est très amer), les détailler en petits morceaux. Faire chauffer une noix de beurre dans la poêle, y faire revenir les oranges avec 1 à é cuillers à soupe sucre et la cannelle. Quand les oranges sont bien caramélisées, les réserver.

Mélanger la farine, la poudre de noix et la levure. Battre les oeufs au fouet avec le sucre restant, ajouter le beurre fondu puis le lait en mélangeant .Incorporer à cette préparation le mélange sec puis ajouter les oranges.
Faire chauffer une poêle, d’environ 24 cm de diamètre, avec une noisette de beurre. Verser la préparation dans la poêle bien chaude. Couvrir et laisser cuire une vingtaine de minutes à feu doux, jusqu’à ce que le gâteau soit complètement pris. À l’aide d’une assiette,retourner le gâteau et cuire environ 5 minutes sur l’autre face.

Transférer le gâteau sur une assiette, le laisser refroidir envrion 15 minutes puis tartiner la marmelade d'orange par dessus. Faire fondre le chocolat à l'orange dans une casserole avec un peu d'eau, puis à l'aide d'un couteau laisser couler des filets de chocolat sur la surface du gâteau, jusqu'à obtenir un quadrillage. Décorer le tout avec quelques cerneaux de noix. Et voilou!

mercredi 17 août 2011

Hampi- Bittersweet memories

Il y a des endroits dont on sait instantanément qu'ils compteront, et qu'à vie on en re- visitera les recoins pourtant floutés par le souvenir. Je ne parle pas des endroits auxquels on s'attache inévitablement par habitude ou sentimentalité, ni même des villes dont l'atmosphère nous emporte et nous charme. Je parle de ces lieux où la Nature règne en maîtresse incontestée et qui nous font nous sentir tout petits, de ces lieux qui me feraient presque croire en Dieu. Jusqu'ici pour moi il n'y avait que Petra à classer dans cette catégorie, Petra et sa lumière, ses couleurs, son silence… Marcher dans un canyon multicolore à 6 heures du matin, sans trop croire à la réalité du moment, et se dire "C'est le plus bel endroit du monde."

Et puis je suis allée à Hampi.



Il faut dire qu'après les nuits en bus, les maladies tropicales et les lits crados, nous avions toutes les 2 besoin de retrouver un peu la foi. A la fin du premier jour passé là-bas, ma maman m'a regardée avec sa petite tête de gamine en disant: "Juste pour cet endroit-là, ça valait le coup de venir en Inde." Et effectivement: l'ocre des rochers, le vert des palmiers et des rizières, le silence des temples, et cette atmosphère de bout du monde, avec les singes qui circulent dans les ruines, les ciels d'orage et le bruit de cymbales qui s'échappe du temple à la tombée du jour. La tranquillité de la rivière, le sourire des femmes assises sur le palier de leurs maisonnettes multicolores, la finesse des sculptures d'une civilisation disparue, le chant des grillons la nuit. Pour tout cela, ça valait le coup. J'avais l'impression d'appartenir à ce lieu, mais pas d'être happée comme je l'ai été pour Londres. Plus simplement, j'avais l'impression que cet endroit était si beau, si pur, qu'il ne pouvait qu'appartenir à tout le monde, et que tout le monde lui appartenait. Que chacun devrait y venir pour découvrir l'origine des choses et être convaincu de la beauté du monde.

Bien sûr, cette impression confuse s'est vite retrouvée confrontée à la réalité. Une chose à savoir sur Hampi, c'est que l'ensemble monumental des 14ème, 15ème et 16ème siècles construit sur le site est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1986. Et comme partout, ce classement destiné à protéger un héritage culturel a des conséquences plus ou moins inattendues. L'aspect le plus visible, et le plus positif bien sûr, c'est que les monuments sont restaurés, entourés de jolis jardins bien entretenus lorsqu'ils ne sont pas en pleine nature, qu'il y a une signalisation très efficace, des plaquettes explicatives, etc. En résumé, le patrimoine est mis en valeur dans le respect de son environnement et de la population des alentours. Mais sous la surface, le classement au patrimoine mondial a des répercussions humaines non négligeables. A Petra par exemple, les Bédouins semi-nomades qui vivaient dans les habitats troglodytes du site depuis des générations ont été délogés, et on leur a construit un village moderne un peu plus loin sur la route. La logique de l'Unesco, je l'imagine, est celle-là: ces endroits appartiennent à l'humanité, on ne peut donc pas laisser une population, sous prétexte qu'elle se trouve à proximité, mettre en péril la conservation d'un patrimoine si précieux. Dit comme cela, c'est assez sensé. Oui mais. Oui mais si l'on réfléchit quelques secondes, il y a cette évidence qui s'impose: cet endroit, les gens l'ont habité depuis des siècles. Ils y ont créé un mode de vie, une histoire, des souvenirs, des vies. Cet endroit, c'est chez eux. Le village à 2 kilomètres de là, il n'existe que pour la bonne conscience de ceux qui les ont chassés, mais ce n'est pas leur maison.

Voilà donc la bataille qui apparemment se livrait depuis un moment à Hampi, entre les autorités indiennes soutenues par l'Unesco, et les habitants du village: l'allée qui mène au temple principal est bordée d'une colonnade ancienne, où les gens au fil du temps se sont installés, quitte à rajouter des briques et des tuiles sur les structures historiques. Ils y ont vécu leur vie, jusqu'à ce qu'on leur dise qu'ils n'avaient pas le droit. Ils y ont cru quand même, ont sans doute décidé de fermer les yeux, de se dire qu'après tout personne ne pouvait les faire partir du jour au lendemain. Et puis un jour, un officiel est venu de Delhi, a jeté un coup d'oeil à la rue construite de bric et de broc, à toutes ces petites maisons peintes de couleurs vives où les frontons des colonnes étaient apparents, et il a décidé que tout serait rasé. Cela s'est passé le jour avant que nous arrivions à Hampi. Le lendemain, quelques hommes sont venus avec un plan de construction qu'ils ont déroulé au beau milieu de la rue en terre battue, ils ont marqué la quasi-totalité des maisons d'une croix rouge, et ont averti les habitants que la destruction commencerait à 5h le lendemain matin. Le surlendemain, ils sont arrivés avec des bulldozers et ont détruit les maisons sous le regard effaré et passif des habitants, qui voyaient disparaitre en quelques minutes ce qu'ils avaient mis des années à construire. On les voyait sortir leur peu de meubles en hâte, récupérer les poutres et les briques dans l'espoir d'avoir de quoi reconstruire ailleurs. Le soir, la rue n'était qu'un tas de gravats, sur lesquels des familles entières étaient assises, pas encore très sûres d'avoir compris ce qui était arrivé.



Cela ressemblait à une scène de bombardement, ou au lendemain d'un tremblement de terre. Mais non, c'était la simple bêtise humaine, et quelques machines, qui avaient causé un tel chaos. Et ces gens-là, ils n'avaient pas de joli petit village moderne qui les attendait à 2 kilomètres de là. Ils sont allés dormir dans le temple, tout en sachant qu'ils ne pourraient pas le faire infiniment. Les flics dépêchés pour l'occasion, eux, s'en foutaient bien. Ils sirotaient un Coca à l'ombre d'un arbre, ne voulant pas voir que les gens autour d'eux venaient de tout perdre et qu'ils étaient trop abasourdis, trop effrayés, ou peut-être trop polis pour protester.

L'objectif avoué de cette destruction? La rue était trop sale, les constructions illégales, et il fallait une rue principale plus nette. Les rôles respectifs de l'Unesco et du gouvernement central dans cette opération ne sont pas très clairs, mais il est évident qu'il fallait ratiboiser là où ce n'était pas assez aseptisé. Questionnés par une française de passage, les hommes qui exhibaient le plan des futures constructions n'ont pas hésité à dire que dans le futur, il y aurait des magasins gouvernementaux, plus propres et qui attireraient plus de touristes. Finalement, ma belle idée s'est envolée en fumée: cet endroit-là, qui devrait appartenir à l'humanité tout entière, mais aussi et surtout à ceux qui l'ont peuplé et fait vivre, n'appartient en fait qu'à ceux qui veulent en tirer un profit.

vendredi 17 juin 2011

Lafayette

Lorsque je monte au sixième étage des Galeries j'aime observer les petite vieilles molletonnées dans leur monde d'habitudes, de banquettes moelleuses, de thé et de biscuits au beurre, de bribes de phrases prononcées en regardant droit devant, comme si elles ne se parlaient pas, comme si elles ne faisaient que combler le silence. Elles posent leurs yeux sur les toits de Paris en écoutant la cacophonie des assiettes qui s'entrechoquent et le brouhaha des touristes, et gardent farouchement du regard leur place fétiche dans ce petit univers codifié et alangui.

Je me demande ce qui les amenées à échouer là, toutes ces petites vieilles à perles qui agissent en gardiennes. Je me demande si quand on est vieux regarder le monde courir suffit à se sentir vivant. Je n'arrive pas à savoir si un jour je serai l'une de ces mamies rabougries et attendrissantes, qui peuplent sans faire de bruit les recoins des grands magasins parisiens, comme si elles guettaient le souvenir d'une époque de dorures et de fastes qui n'a même probablement jamais existé que dans leur imagination.

lundi 4 avril 2011

Cooking with Battus


Il y a cette fille formidable qui s'appelle Louise et qui croit que je suis la Wonderwoman des fourneaux. Et comme en plus d'être une minuscule personne bourrée de qualités c'est une gourmande invétérée, elle s'est auto-déclarée mon padawan des fourneaux. C'est comme ça qu'est né "cooking with Battus": en gros j'ordonne, elle exécute, et après on se fait un festin de reines toutes les deux. C'est comme avoir un elfe de maison très mignonus et beaucoup plus rigolo (non non je ne suis pas politiquement incorrecte voyons). 


Notre premier atelier était plutôt simple mais ma foi succulent: galettes de pommes de terre et salade, puis carrot cake en dessert. Malheureusement je n'ai pas de photo du gâteau donc la recette sera pour une prochaine fois :) Pour les galettes, rien de plus facile à préparer, et c'est juste DÉLICE!

Et pour les gens obsédés de volaille (oui oui c'est une catégorie existante), voilà deux recettes SUCCULES que j'ai testées récemment: le poulet au Coca de Diana Kuan et les blancs de poulet au prosciutto de Jamie Oliver.


Galettes de pommes de terre (ou "Criques" comme disait ma grand mère)
pour 4 personnes


env. 10 pommes de terre de taille moyenne
2 gros oignons
50 à 100g d'emmenthal râpé (c'est vous qui voyez^^)
2 oeufs
3 cuillers à soupe de farine
sel, poivre
au choix: thym, romarin, sauge, basilic etc. / graines de sésame/ tomates séchées....
huile d'olive



Éplucher et râper les pommes de terre, émincer les oignons. Dans un grand bol, battre les oeufs, ajouter les pommes de terre râpées, les oignons, la farine et le fromage. Bien mélanger, assaisonner et garnir au choix. Dans une sauteuse, faire chauffer une bonne quantité d'huile jusqu'à ce qu'elle soit fumante. Faire revenir le mélange de pommes de terre en galettes d'une à deux cuillers à soupe, à retourner toutes les 2 minutes environ. Quand elles sont bien grillées et croustillantes sur les 2 faces, les placer dans une assiette et recouvrir d'une feuille d'essuie-tout pour éponger toute la graisse ^_^ Servir aussitôt avec de la mâche ou une salade d'épinards au vinaigre balsamique.

[Et laissez-moi vous dire, au risque de passer pour une hérétique, que c'est miam miam avec de la sauce barbecue ;) ]

lundi 14 mars 2011

Recipe Monday: Tajine de poulet aux olives et citron confit

Hello lovelies!

Il serait temps que je me mette un bon coup de pied au postérieur pour poster plus souvent sur ce blog... alors pourquoi pas une petite recette par semaine, histoire de m'obliger un peu à écrire et surtout de me permettre de devenir encore plus obsédée de la bouffe que je ne le suis déjà? :D

Hier j'ai voulu préparer un tajine poulet-olives-citron, mais toutes les recettes que j'ai trouvées sur internet étaient beaucoup trop simplistes- pas assez d'épices, temps de cuisson trop court, etc. Du coup j'ai décidé de tenter le diable et d'inventer une recette, wouhou! Et ma foi c'était plutôt fameux. Enjoy :)

Tajine de poulet aux olives et citron confit ( pour 4 à 6 personnes)


Entre 1 et 1,5kg de cuisses et ailes de poulet, avec la peau

Marinade:
3 gousses d'ail
1 gros morceau de gingembre (ou 1 c.à.s de gingembre en poudre)
1 1/2 c.s de graines de cumin (ou la même quantité de cumin en poudre)
1 c.s de graines de coriandre (ou la même quantité de coriandre en poudre)
1/2 c.c de clous de girofle en poudre
1 c.s de curcuma (ou si vous êtes riches, 1 pistil de safran)
1 c.c de cannelle
1 c.s de piment en flocons (ou un peu moins de piment en poudre)
6 c.s d'huile d'olive
le jus de 1 à 2 citrons selon la taille
sel, poivre (j'utilise du 5 baies c'est meilleur)

2 gros oignons
250 à 300 ml de bouillon de volaille
200g d'olives vertes et/ou violettes, non dénoyautées
1 à 2 citrons confits selon la taille
1 feuille de laurier
1 bouquet de persil
1 bouquet de coriandre


Eplucher l'ail et le gingembre, les émincer finement (ou les mettre dans un mixeur ^_^). Mélanger ail, gingembre et tous les ingrédients de la marinade dans un grand saladier, y ajouter le poulet, bien mélanger puis laisser mariner au moins 2h au frigo. 

Faire chauffer un peu d'huile d'olive sur feu moyen à fort dans un plat à tajine, une cocotte en fonte ou une grande casserole (mais les cocottes en fonte c'est la vie!). Quand l'huile est chaude, faire dorer le poulet sur les 2 faces pendant environ 10 minutes. Ajouter les oignons et laisser revenir encore 5 minutes. Recouvrir de bouillon, ajouter le laurier ainsi que la moitié des bouquets de coriandre et persil, ciselés. Baisser le feu à th4 (feu moyen à doux). Couper les citrons confits en dés de taille moyenne (je coupe d'abord le citron en quartiers, puis encore en 2, puis ces bouts-là en 2 dés).  Ajouter ces citrons dans la cocotte, couvrir, laisser mijoter de 30 à 40 minutes. Ne pas hésiter à enlever ou remettre un peu de bouillon- il faut que la viande ne soit pas tout à fait recouverte). Ajouter les olives puis faire réduire sans couvercle pendant 5 minutes. Et voilà! :P


mercredi 2 mars 2011

"I fockin' love ya!" - Why Misfits is so cool

Récemment avec Gigue on a un peu été boulimiques de Misfits, qui comme toutes les séries anglaises à petit budget n'était pas vraiment prévu pour durer, d'où le nombre ridicule d'épisodes (16). Du coup on est resté carrément sur notre faim... Et même si je ne renie pas mon amour des séries américaines surproduites avec voix off, petite morale et cliffhangers de ouf, c'était juste trop cool d'avoir quelque chose de pas sérieux, pas conventionnel, pas politiquement correct à regarder. Ne vous méprenez pas hein, pas plus tard qu'hier soir j'étais scotchée devant mon écran à suivre les sempiternelles histoires d'amour de Grey's Anatomy, j'attends avec impatience le mardi soir pour re-visionner tout Lost, et j'ai limite fait une crise cardiaque de bonheur à la fin du dernier Fringe. Et je l'avoue sans problème, je guette chaque moment mignon entre Beckett et Castle, et je n'abandonnerais pour rien au monde mon petit rituel thé/gâteaux/ Big Bang Theory. Mais les séries américaines, c'est quand même pas très rigolo- même celles qui sont censées être "drôles" nous sortent toujours des petits moments réflexion sur la vie, introspection des personnages, etc. Au contraire chez les Britons tout est beaucoup plus léger (pour ne pas dire complètement WTF) , et c'était déjà ce côté-là qui m'avait plu dans Skins,  même si la série restait un peu brouillonne. 

 
On a 30 ans et on aime les uniformes
Premièrement, dans Skins, on voit des vrais gens, ils ne sont pas tous super canons et super friqués, ils ne sont ni pleins de malice ni des modèles de bonté. Et les acteurs qui les jouent sont tout aussi ordinaires: ils n'ont pas 25 ans, des dents blanches et un brushing de ouf comme toutes les stars de Gossip Girl. Les situations auxquelles ils sont confrontés sont des plus banales: je suis amoureux de la copine de mon pote, je dois être une élève exemplaire pour satisfaire mes parents, etc. Mais la façon dont ces situations sont traitées est totalement différente. Les scénaristes partent dans des délires, pas toujours très heureux d'ailleurs, mais qui surprennent à chaque fois. Et ça fait du bien d'être surpris!



Ce qui m'ennuie aussi dans les séries américaines, c'est que chaque moment un peu plus "relax", où des personnages se retrouvent autour d'un verre pour discuter par exemple, ne fait que servir l'intrigue, et sonne souvent complètement faux. C'est flagrant dans Glee, où à chaque fois que les personnages ont une conversation c'est une espèce de scène d'exposition où ils rabâchent des infos que tout le monde connaît déjà. Une sorte de "previously on Glee" dans la bouche des personnages, si vous voulez. Du coup les rapports entre les personnages sont très artificiels- sans parler du fait qu'ils se détestent à un épisode, et sont meilleurs potes dans celui d'après. Dans Skins ou Misfits, quand ils vont au pub c'est pour aller au pub, et pas pour nous expliquer qui est amoureux de qui ou whatever. Bon, c'est peut-être à cause de caractère sacro-saint du pub en Angleterre, je ne sais pas. En tout cas ça donne un côté plus humain aux relations entre les personnages. Bref, ça me plait:)

On est anglais et on aime le orange

 Et puis surtout, ce que j'aime dans Misfits c'est que rien n'est  vraiment dramatique.  Quand on rencontre la nana de Nathan, elle est  enceinte et c'est un fait "constitutif" de son personnage- comme Simon est le  weirdo, Alisha l'allumeuse, ou Kelly la chav. L'étiquette "teen mum" est du coup un peu grosse, pas très subtile, mais d'un autre côté cette fille est présentée comme un personnage très léger, pas du tout torturé. Oui, elle est en galère, être enceinte n'était pas son choix, mais sa grossesse ne devient pas un noeud de l'intrigue, comme cela aurait été le cas dans n'importe quelle série américaine, où on nous aurait servi de la morale religieuse à deux balles, avec petit récapitulatif sur le douloureux choix auquel elle a été confrontée: dois-je avorter ou garder l'enfant? (à ce sujet lire l'article de Des séries et des Hommes, qui sont vachement plus calés sur la question et même que j'ai un peu honte d'oser dire quoi que ce soit après).  Au contraire, dans Misfits on passe toujours du coq à l'âne sans s'embarasser de tirer une leçon à chaque épisode, on cherche le concours de circonstances qui fera apparaître la situation cocasse... et là pour le coup on est servis, avec l'accouchement en mode crèche de la Nativité, et Nathan qui bute le placenta parce qu'il a cru que c'était un alien. Sans oublier que dix minutes plus tôt ils ont encore tué quelqu'un, et que personne ne leur a rien demandé. OK, le mec est mort, passons à autre chose- ça en deviendrait presque frustrant à la longue. Comment ça, même pas une petite enquête de rien du tout? C'est ce qui fait à la fois la limite et le génie de Misfits, une série qui ne se formalise de rien, où tout est normal- puisqu'après tout, si cinq jeunes se retrouvent avec des super pouvoirs au lendemain d'une tempête, pourquoi ne pas accepter que Kelly se tape un gorille à l'apparence humaine, que Nathan couche avec une vieille de 80 ans qui a rajeuni temporairement, que les deux probation workers se fassent zigouiller sans encombre ou que le fake Jesus ait une conversation entière avec nos héros pendant qu'une de ses groupies lui taille une pipe? 

L'intrigue ne pourrait pas être plus tirée par les cheveux, mais au final, on aime ces personnages parce qu'ils sont foutraques et un peu moches comme nous, et que le soir ils se retrouvent autour d'une pinte et discutent de trucs débiles en mangeant de la junk food pas chère. On n'ira pas pleurer pour eux comme on le ferait pour des héros américains avec toutes leurs névroses qui remontent à leur enfance et à leur papa. Par contre, ces personnages on a envie de leur faire un gros hug, de leur taper sur l'épaule et de leur dire "Merci d'être comme tu es". Et puis d'aller prendre une pinte, après. Parce que sincèrement, Jack Shepherd ou Olivia Dunham, on ne saurait pas trop quoi leur dire autour d'un verre. Mais avec eux, on pourra faire des vieilles blagues qui feraient même pas avancer l'intrigue. Et vous savez quoi? Mon expérience des séries anglaise m'a appris ça: peut-être que quelquefois, l'intrigue c'est mieux de s'en foutre.