mercredi 2 mars 2011

"I fockin' love ya!" - Why Misfits is so cool

Récemment avec Gigue on a un peu été boulimiques de Misfits, qui comme toutes les séries anglaises à petit budget n'était pas vraiment prévu pour durer, d'où le nombre ridicule d'épisodes (16). Du coup on est resté carrément sur notre faim... Et même si je ne renie pas mon amour des séries américaines surproduites avec voix off, petite morale et cliffhangers de ouf, c'était juste trop cool d'avoir quelque chose de pas sérieux, pas conventionnel, pas politiquement correct à regarder. Ne vous méprenez pas hein, pas plus tard qu'hier soir j'étais scotchée devant mon écran à suivre les sempiternelles histoires d'amour de Grey's Anatomy, j'attends avec impatience le mardi soir pour re-visionner tout Lost, et j'ai limite fait une crise cardiaque de bonheur à la fin du dernier Fringe. Et je l'avoue sans problème, je guette chaque moment mignon entre Beckett et Castle, et je n'abandonnerais pour rien au monde mon petit rituel thé/gâteaux/ Big Bang Theory. Mais les séries américaines, c'est quand même pas très rigolo- même celles qui sont censées être "drôles" nous sortent toujours des petits moments réflexion sur la vie, introspection des personnages, etc. Au contraire chez les Britons tout est beaucoup plus léger (pour ne pas dire complètement WTF) , et c'était déjà ce côté-là qui m'avait plu dans Skins,  même si la série restait un peu brouillonne. 

 
On a 30 ans et on aime les uniformes
Premièrement, dans Skins, on voit des vrais gens, ils ne sont pas tous super canons et super friqués, ils ne sont ni pleins de malice ni des modèles de bonté. Et les acteurs qui les jouent sont tout aussi ordinaires: ils n'ont pas 25 ans, des dents blanches et un brushing de ouf comme toutes les stars de Gossip Girl. Les situations auxquelles ils sont confrontés sont des plus banales: je suis amoureux de la copine de mon pote, je dois être une élève exemplaire pour satisfaire mes parents, etc. Mais la façon dont ces situations sont traitées est totalement différente. Les scénaristes partent dans des délires, pas toujours très heureux d'ailleurs, mais qui surprennent à chaque fois. Et ça fait du bien d'être surpris!



Ce qui m'ennuie aussi dans les séries américaines, c'est que chaque moment un peu plus "relax", où des personnages se retrouvent autour d'un verre pour discuter par exemple, ne fait que servir l'intrigue, et sonne souvent complètement faux. C'est flagrant dans Glee, où à chaque fois que les personnages ont une conversation c'est une espèce de scène d'exposition où ils rabâchent des infos que tout le monde connaît déjà. Une sorte de "previously on Glee" dans la bouche des personnages, si vous voulez. Du coup les rapports entre les personnages sont très artificiels- sans parler du fait qu'ils se détestent à un épisode, et sont meilleurs potes dans celui d'après. Dans Skins ou Misfits, quand ils vont au pub c'est pour aller au pub, et pas pour nous expliquer qui est amoureux de qui ou whatever. Bon, c'est peut-être à cause de caractère sacro-saint du pub en Angleterre, je ne sais pas. En tout cas ça donne un côté plus humain aux relations entre les personnages. Bref, ça me plait:)

On est anglais et on aime le orange

 Et puis surtout, ce que j'aime dans Misfits c'est que rien n'est  vraiment dramatique.  Quand on rencontre la nana de Nathan, elle est  enceinte et c'est un fait "constitutif" de son personnage- comme Simon est le  weirdo, Alisha l'allumeuse, ou Kelly la chav. L'étiquette "teen mum" est du coup un peu grosse, pas très subtile, mais d'un autre côté cette fille est présentée comme un personnage très léger, pas du tout torturé. Oui, elle est en galère, être enceinte n'était pas son choix, mais sa grossesse ne devient pas un noeud de l'intrigue, comme cela aurait été le cas dans n'importe quelle série américaine, où on nous aurait servi de la morale religieuse à deux balles, avec petit récapitulatif sur le douloureux choix auquel elle a été confrontée: dois-je avorter ou garder l'enfant? (à ce sujet lire l'article de Des séries et des Hommes, qui sont vachement plus calés sur la question et même que j'ai un peu honte d'oser dire quoi que ce soit après).  Au contraire, dans Misfits on passe toujours du coq à l'âne sans s'embarasser de tirer une leçon à chaque épisode, on cherche le concours de circonstances qui fera apparaître la situation cocasse... et là pour le coup on est servis, avec l'accouchement en mode crèche de la Nativité, et Nathan qui bute le placenta parce qu'il a cru que c'était un alien. Sans oublier que dix minutes plus tôt ils ont encore tué quelqu'un, et que personne ne leur a rien demandé. OK, le mec est mort, passons à autre chose- ça en deviendrait presque frustrant à la longue. Comment ça, même pas une petite enquête de rien du tout? C'est ce qui fait à la fois la limite et le génie de Misfits, une série qui ne se formalise de rien, où tout est normal- puisqu'après tout, si cinq jeunes se retrouvent avec des super pouvoirs au lendemain d'une tempête, pourquoi ne pas accepter que Kelly se tape un gorille à l'apparence humaine, que Nathan couche avec une vieille de 80 ans qui a rajeuni temporairement, que les deux probation workers se fassent zigouiller sans encombre ou que le fake Jesus ait une conversation entière avec nos héros pendant qu'une de ses groupies lui taille une pipe? 

L'intrigue ne pourrait pas être plus tirée par les cheveux, mais au final, on aime ces personnages parce qu'ils sont foutraques et un peu moches comme nous, et que le soir ils se retrouvent autour d'une pinte et discutent de trucs débiles en mangeant de la junk food pas chère. On n'ira pas pleurer pour eux comme on le ferait pour des héros américains avec toutes leurs névroses qui remontent à leur enfance et à leur papa. Par contre, ces personnages on a envie de leur faire un gros hug, de leur taper sur l'épaule et de leur dire "Merci d'être comme tu es". Et puis d'aller prendre une pinte, après. Parce que sincèrement, Jack Shepherd ou Olivia Dunham, on ne saurait pas trop quoi leur dire autour d'un verre. Mais avec eux, on pourra faire des vieilles blagues qui feraient même pas avancer l'intrigue. Et vous savez quoi? Mon expérience des séries anglaise m'a appris ça: peut-être que quelquefois, l'intrigue c'est mieux de s'en foutre.

2 commentaires:

  1. Oh mon Dieu, comme je plussoie à 100%!
    J'ai testé récemment ce que j'appelle la "présentation aux parents", résultat : mes parents adorent Misfits (même si je me suis cachée quand Nathan était chez la vieille, ça les a un peu pris par surprise), alors que j'aurais plus facilement misé sur Fringe pour eux. Comme quoi. ;)
    Je trouve ça indécent de devoir attendre aussi longtemps entre 2 saisons, ça me rend dingue à chaque fois. Toxico des séries, ça se soigne? ^^

    Alix

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  2. J'adore cette série, mais ils sont quand même sacrément insupportables dans leurs choix parfois. Je ne sais pas, mais souvent quand je les vois prendre des décisions je me dis juste "putain, mais les gars mais vous allez le regretter avant la fin de l'épisode." Impression qui a atteint son paroxysme dans le dernier épisode de la saison deux ou il sont quand même bien débilous. Mais bon, tout de même, cette série est un petit Ovni et ça fait du bien. En plus en tant que grand fan de super-héros devant l'éternel... Bref... Très chouette article, comme d'hab :)

    Iain

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